Cet article de chasseur relate la rapine de deuxième classe
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Rapine de deuxième classe


#R2C-VIGNETTES

Je rentrais, la tête légère mais l’estomac lourd, nauséeuse. Zaza et moi on s’était quasi sifflé la bouteille à deux. Le balancement du train n’arrangea rien et je laissais défiler les paysages au rythme où me revenaient les souvenirs de cette journée hors du commun :

Lever à 4h, impossible de dormir (Kris, n’avait pas très bien dormi non plus), je tournais en rond dans mon petit appart, attendant un train qui n’était qu’à 6 heures et demie. Je devais retrouver Kris et Zaza à la gare, pour partir sur les lieux, Nif nous rejoindrait là-bas. Durant le trajet on parlait, se remémorant nos déductions et tout ce qui collait avec notre but.

Arrivés sur place et après un café / croissants s’il vous plait (merci Zaza), tout était méconnaissable : que ce soit la végétation, qui avait poussé, ou le fait que sur une vidéo c’est complètement diffèrent, je trouvais l’étang minuscule…

On fit le tour, grimpa sur les hauteurs, bref on rejouait la scène.

Nous attendions Nif, perdue en pleine cambrousse et sans GPS, elle  eut du mal à nous  rejoindre. Elle inspecta les lieux, retrouva son banc et le tour était fait : cette fois on pouvait vraiment y aller.
Sur le chemin de notre seconde destination, on oscillait entre stress et allégresse, et plus on se rapprochait, plus la tension montait ! On avançait au travers de la forêt, cherchant les bons sentiers à suivre. Lorsque nous fûmes au bon endroit, nous la vîmes,  imposante, grande et si recherchée…

Pelle en main, sourire aux lèvres on y était :
Restait plus qu’à creuser.

Creuser la terre au bon endroit….

On savait bien que ce serait profond ; les pelles s’enfonçaient sans difficulté dans le sol meuble… 10 cm, 20 cm, toujours rien. Nif creusait avec ferveur. 30 cm… On commençait quand même à se demander si c’était là. Ça ne nous arrêta pas, on continua ! 40, 50… Rien ! On se motivait tant bien que mal, par peur d’être déçus. Quand à un moment,  la pelle s’enfonça dans une cavité. On a stoppé, comme bloqués par la révélation, toute proche. En soulevant cette dernière pelletée, on pouvait deviner le haut du crâne… Le coffre avait cédé au temps.

Plongeant les mains dans la terre, on l’a sorti !

trésor decouvert

Victorieux et remplis d’une joie immense, on avait du mal à réaliser que c’était lui. On l’avait fait. Un an de traque, de recherches, de prises de tête et de boîtes de dolipranes vidées, mais il était là… entre nos main.

On pouvait enfin profiter du paysage et observer les lieux sans stress. Après avoir tout remis en ordre, rebouchés les trous et nettoyé derrière nous, nous quittâmes les lieux, heureux, sans nous soucier du chemin où nous allions (on s’est un peu perdus du coup). Nous rejoignîmes le point de départ, histoire de bivouaquer et de joindre les capitaines par le processus prévu (Flashcode obligatoire sur le téléphone)

Pas même une minute après la manipulation, le téléphone sonna… Silence dans l’assemblée : la tension était palpable. Kris décrocha, et là, la voix du capitaine Sax brisa notre silence :

« Bravo, camarades ! »

Nous n’avons rien trouvé d’autre à faire que de hurler notre joie (à en perdre la voix). Le moment de partir était venu, mais sans tristesse car nous savions tous que l’aventure ne venait réellement que de commencer ; on va rester un bon moment ensembles mes amis !

bravo camarades

Durant le trajet retour, on se concentrait déjà sur le prochain trésor, comment déduire de la bonne façon, saisir les indices, avancer et surtout : le trouver.
Kris et Zaza me déposaient à la gare, il me restait du trajet et encore des émotions à vivre. Les capitaines appelèrent mes coéquipiers, je manquais l’appel (deux fois) et espérais qu’ils me contacteraient. Rentrée à la maison, je m’écroulais sur mon lit, usée, vidée mais tellement bien ! Quand ma sœur sonna à la porte. « Kupo » (son surnom) débarqua en trombe :

« Alors, il est où ? Il est où ce trésor ? Putain, c’est le bordel chez toi range un peu… »

Elle avait raison. Entre les notes sur la chasse qui recouvraient le sol, la glaise sur la table et les tubes de peintures éparpillés, c’était vraiment un champ de bataille…

Kupo m’aidait à ranger, pendant que je grommelais ; les capitaines ne m’ayant toujours pas appelé. Jalouse qu’ils aient parlé aux autres, je râlais quand je reçu un message (facebook) :

« Vous avez soif ? »

Je ne compris pas. Second message :

« Toc, toc ! »…

message

A cet instant précis, on frappa. J’allais ouvrir, pensant à un ami ou un voisin, lorsque je fis basculer le judas pour voir deux silhouettes et un chien, dressés sur le pas de ma porte, une bouteille de rhum en main !

Cette image restera à jamais gravée.

Je me retournais vers ma sœur, ahurie, ne sachant que faire et que dire. J’ouvrais la porte, le cœur serré et l’estomac lourd. Les capitaines, putain les capitaines étaient chez moi, pour trinquer à cette exhumation !

jul15 surprise

Je ne me souviens pas de ce qui s’est dit durant le temps où ils furent là… C’est comme le jour ou j’ai passé mon permis, il y a des moments intenses dont on ne retient que les émotions qui vous traversent. J’étais gênée mais si heureuse de les voir, entre la surprise et la joie ; je restais là, estomaquée. Je leur posais tout de même la question sur l’obtention du code d’entrée de l’immeuble et ce fut la révélation (ma sœur, ma propre sœur ! elle leur avait donné le code, c’était donc pour ça qu’elle m’aidait à tout ranger, même si ça restait le boxon c’était déjà plus présentable).

Le capitaine Sax servit le rhum et ils le burent sans problème, tandis que je sirotais difficilement. Chaque gorgée me brûlait et pesait sur mon estomac, déjà abîmé par les boissons de la journée. Comment ils font pour boire ça ? C’est fort et ça brûle. Tandis qu’ils racontaient des anecdotes de leurs différents périples,  je restais là, sans parler, intimidée, la nausée au ventre et fatiguée par ces émotions si prenantes. Toujours abasourdie par leur présence.

bouteille de rhum

Je râlais après eux si souvent sur Facebook (et ça va pas s’arrêter) mais là, c’était tellement différent… Je me disais souvent: « Ouais, quand je les verrai, je leur dirai ça, ça et ça ! » Et pourtant rien… Rien n’est sorti de ma bouche, tout ce que j’avais pensé  leur dire, leur montrer, partager, tout ça a volé en éclat quand ils furent à coté de moi ! Heureusement, ma sœur était là, jamais je n’aurais pu gérer cette visite seule ; je suis d’un naturel timide quand je ne suis pas derrière un écran d’ordinateur, alors deux pirates qui débarquent pour picoler, ça vous cloue sur place.

J’aimerais vous raconter ce qui s’est dit, ce qui s’est exactement passé, mais j’en suis incapable. Je me souviens juste qu’on s’est assis autour de la table et d’avoir bavardé, le cœur en liesse et lourd à la fois. Je ne sais plus combien de temps ils sont restés, mais ce fut vraiment sympa. Ils savent être à l’aise dans ce genre de situation et quand on leur parle, on devine une véritable complicité entre eux : l’un empêche l’autre de révéler quoi que ce soit, à mon grand désespoir. Puis ils sont repartis, aussi naturellement qu’ils étaient venus.

Après leur départ, vint le moment des « j’aurais dû ». « J’aurais dû » leur montrer que j’étais vraiment contente qu’ils soient là. « J’aurais dû » être plus accueillante, ça faisait si longtemps qu’ils attendaient qu’on déterre un coffre ! « J’aurais dû » les questionner d’avantage. « J’aurais dû » (mais j’aurais pas pu) picoler plus, ça m’aurais détendue. Et surtout, surtout, « j’aurais dû » gueuler !

Ils m’ont laissé le rhum, il y a vraiment qu’avec eux que je pourrai reboire un truc pareil. Ça donnera l’occasion de trinquer de nouveaux. Ce fut une journée mémorable, que je ne suis pas prête d’oublier. Merci capitaines, vraiment merci.

Bonne chasse à tous les camarades,

Jul 15

PS : Si vous trouvez un coffre, faites attention ils sont déjà derrière votre porte.

arrivée des capitaines