Depuis le 24 août dernier, le Piton de la Fournaise (2632 mètres) est à nouveau entré en éruption. J’ai eu la chance de voir plusieurs éruptions, notamment celle de 2007 qui était allée jusqu’à la mer et qui avait fait remonter de nouvelles espèces de poissons. Cette année l’éruption se trouve circonscrite à l’enclos et n’est pas visible depuis le point de vue habituel (le Pas de Bellecombe).

Nous décidons d’y aller en pleine semaine afin d’éviter l’affluence du week-end, ses milliers de voitures et ses heures d’embouteillage. Départ 14 heures, après une heure de route le paysage a déjà changé, de la route longeant les champs de canne nous arrivons maintenant dans les hauts de l’île et ne tardons pas à entrer dans le Parc national : celui-ci couvre 42% de la superficie de l’île.

La route forestière du Volcan n’est plus très loin ; nous arrivons enfin au point de vue de la Plaine des Sables.

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Ce qui signifie deux choses : la fin de la route en bitume et une longue agonie pour les amortisseurs de la voiture (la piste est très connue pour le paysage lunaire qu’elle offre).

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Mais ici, on sait surtout qu’elle est dans un état déplorable du fait des conditions météorologiques – souvent mauvaises – et des nombreux passages de voitures. Si bien que beaucoup n’hésitent plus à parler de « nids d’autruche », plutôt que de nids de poule. L’arrivée est proche. Il nous faudra trente à quarante minutes pour parcourir les trois derniers kilomètres. Nous voici enfin arrivées au parking Foc Foc, les consignes sur place sont claires : treize kilomètres aller / retour, hors de questions d’y aller mal équipé (chaussures de rando, lampes et pulls sont indispensables). On s’équipe et on y va. On ne voit rien pour l’instant mais très vite…

BOUM…BOUM !
(difficile de vous décrire ce son)

Pour certains on dirait un orage en plein jour, sans nuage et sans pluie. Pour ma part je le décrirais comme le bruit que feraient les canons du navire du capitaine, durant l’un de ses abordages. Après trente minutes de marche, les premières fumerolles sont à peine perceptibles.

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Le sentier est plutôt plat et, semble-t-il, bien balisé (j’ai bien dis semble-t-il car la nuit tombée, je n’avais plus le même discours). Une demi-heure plus tard la coulée est maintenant visible. Elle s’échappe d’un cratère situé au pied du Piton, disparaît sous terre sur plusieurs centaines de mètres et ressort plus loin en une rivière de feu, avant de se retirer à nouveau dans les profondeurs. Nous poursuivons un peu afin de trouver le point de vue idéal et décidons d’attendre, afin de profiter de ce spectacle de nuit.

Une fois trouvé nous nous installons et patientons. Ca y est, il fait nuit et froid (au volcan la température se situe entre 0° et 3° C). Je décide de prendre quelques clichés mais mon appareil n’est pas de cet avis (ça sent la mutinerie ; il a sûrement froid… je parviens à le raisonner mais le rendu n’est pas terrible).

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19h00 : il est temps de rentrer…On sort les lampes frontales et on se met en route pour rejoindre le parking. Nous voyons au loin quelques lumières mais aucune personne derrière nous. Commence alors une nouvelle quête, celle des balises (deux bandes blanches/rouges, peintes sur un rocher) censées empêcher que l’on ne se perde, sauf que les retrouver s’est avéré une véritable chasse aux trésors plutôt qu’un long fleuve tranquille.

Du coup on s’est fait rattraper par un autre groupe mais celui-ci n’a pas souhaité nous dépasser (allez savoir pourquoi). Le moment tant redouté est finalement arrivé, plus de balises devant nous, à plusieurs centaines de mètres de nous et sur un chemin parallèle au notre, des lumières… Celle des personnes qui se dirigent vers le volcan. Sommes-nous sur le mauvais chemin ? La question taraude tout le monde. La recherche de la balise n’a jamais été aussi intense… Finalement, on la retrouve, puis une autre, encore une, etc…

20H15 : on arrive au parking. Encore deux heures et demie de route pour rentrer à la maison, mais ça reste un spectacle magnifique, que je souhaite à tous de voir au moins une fois.

Julie 974