Cinq heures de route, quatre détours et un litre de café après l’aube, nous arrivons tout excités dans le Massif Central. Sous un soleil radieux, de magnifiques paysages verdoyants défilent derrière le pare-brise au rythme d’Ennio Morricone. Le GPS nous emmène au pied d’une rivière. On lâche la voiture avant qu’elle ne s’embourbe. On s’équipe : Bonny, la chienne, part devant.

Très vite, nous trouvons les vestiges repérés sur internet : moins impressionnants que prévus, les ruines du châtelet déçoivent. Nos plans indiquent un sentier derrière le rempart Ouest. On l’escalade, poussant l’expédition aux abords d’une forêt. La terre est humide. Les herbes aussi. On fait trente pas et le ciel s’obscurcit.

Au bout du chemin, la jolie petite rivière est devenue un torrent se jetant violemment sur quelques rochers, avant de basculer dans son lit en contre-bas. Les pierres sont glissantes mais on passe prudemment.

Une averse nous tombe dessus quand soudain, un mur de rocaille nous barre la route. L’escaladant à moitié, une prise nous ramène sur la terre meuble, 5 mètres au dessus du sentier. La pluie s’intensifie ; on est trempés jusqu’aux os. Bonny nous retrouve, essoufflée, après s’être frayée un chemin pour contourner l’obstacle.

– Heureusement qu’elle est là : j’ nous voyais pas redescendre en varappe sous la flotte !

L’averse devient orage

Les pieds dans la boue, on avance, on écarte les hautes feuilles et les branches. Ici, plus de chemin, plus de passages et… plus de réseau. Comme on aime ! Seulement il n’y a rien. Rien d’autre qu’une brousse sans repères. Les arbres prennent racines de façon erratique, leurs branchages s’épousant les uns les autres. Et à travers la canopée, l’orage du siècle nous tombe sur le râble. Il fait nuit à midi et sans mag-light, les GoPro ne captent rien du tout.

La forêt devenant trop dense, il faut se frayer un chemin à la machette. On se donne des airs d’aventuriers perdus en Amazonie, mais on risque plus une bronchite que de croiser un piranha. Alors que nous allions rebrousser chemin, se dévoile devant nous un petit autel, taillé dans la roche. A la couleur de la pierre, le creux devait abriter quelques bougies et, sans doute, une statue divine. La roche est solidaire en tout point ; impossible d’y cacher un coffre ! Un peu plus loin, nous empruntons un escalier creusé dans la terre, pavé de pierres plates. Toujours devant, Bonny fait trembler une marche. On la retire : dessous, la terre est meuble !

Nous nous arrêtons, regards complices, nous voyant peut-être déjà dans quelques minutes, ruisselants de sueur sous cette pluie battante, une pelle dans la main, un coffre sous le pied…

Bonne chasse, camarades.