« Le Trésor de Levasseur est en train de devenir une famille. »

C’est la phrase qui nous aura le plus choqué, touché, surpris, et qui résume le mieux la rencontre IRL 2019. Lorsque nous avons eu l’idée de cette chasse aux trésors, nous voulions partager nos aventures (voir Pirates Modernes) ; nous souhaitions offrir aux lecteurs une expérience immersive, une mise en abîme. Presque dix ans plus tard depuis la toute première idée, nous nous retrouvons avec un équipage de personnes formidables, nourries par l’esprit de camaraderie. Ça commence à nous dépasser, et on adore ça.

Le RDV était donné pour samedi 7 septembre au matin, le long du lac de Saint-Fargeau. On aurait pu faire ça plus tôt et avec plus de soleil, mais peu de gabiers pouvaient se libérer. On aurait pu trouver plus central, mais cela s’avérait dangereux… Sax et moi nous sommes pointés sur zone la veille au soir, et avons trouvé deux matelots « sur le pont », de deux équipages différents mais heureux de nous proposer un premier bivouac au coin du feu.

Tels de vrais forbans, ils nous ont offert deux pièces de huit, du rhum, et leurs couleurs !

La soirée s’est donc déroulée comme elle le devait : avec des écrevisses et de la barbaque sur le grill, des histoires, des blagues et du rhum… Un peu trop. Faut dire qu’on avait arrangé une tyrolienne entre nos hamacs afin de nous faire passer la bouteille, et que celle-ci est restée un peu longtemps près de moi. Vers 3h du matin, j’suis tombé dans le lac par accident et autour de 9h, le capitaine Sax m’a retrouvé dans la tente du chien :

– « Désolé, cap’tain, mais sors-toi d’là parce que ça commence à arriver ! »

Je n’avais pas été aussi bourré depuis le CM2 et j’ai salué tous les gabiers d’un simple « check », en titubant. C’eut été l’expérience la plus humiliante de ma vie de pacha, si je n’avais pas senti toute cette bonne humeur et bienveillance autour de moi. Passé midi, Sax désespérait de me sortir de mon état et nous avions déjà une dizaine de moussaillons autour de nous :

Fanny (de l’Orion) ; Flo, tout nouveau tout beau et sans bord ; Phil Rss et Jojo La Balafre (The Bloody Roger) ; Bérangère, ses trois supers mousses pas turbulents, les géniaux Gwo Twoll et Youri, accompagné de sa chère Estelle (La Rosée d’Bière) ; Pierre-Yves et Tho Ma – sans nom d’équipage pour l’instant mais que j’ai baptisé Rums Smugglers

La camarade Bérangère m’a sorti des ténèbres en moins de cinq minutes avec un remède de grand-mère (si vous avez une maladie incurable ou simplement pas de foie, appelez-là !). Puis, l’après-midi a oscillé entre pétanques et abordages en kayak sous un grand soleil, et moments de paniques sous une pluie battante. Or vous savez ce qui est bien, lorsqu’on rassemble plein de pirates ? Chacun a du matos.

– « Si vous voulez, j’ai un barnum… » a dit innocemment Fanny sous les premières gouttes.

Passée la stupeur, nous avons tous commencé à monter un camp, le plus confortable possible. Nous avions un toit, une dizaine de hamacs presque entremêlés, de la musique, de la joie, de la bouffe et de l’alcool à profusion. Si j’étais discret sur le thème éthylique, d’autres affichaient des capacités de champions. Pierre-Yves, ça va chercher dans les combien une extension de foie comme toi ?… Et puis à un moment, il a fallu passer aux choses sérieuses :

FOIRE AUX QUESTIONS !

C’est la première fois que nous répondions en face, sans barrière virtuelle, ni besoin de filmer. Nous aurions pu le faire, mais ne voulions pas nous embarrasser de contraintes techniques et préférions profiter de l’instant. Pendant que les gosses avaient quartier-libre pour foutre le feu au bivouac, Youri mettait l’ambiance (« les règles, les gars ! »), Fanny et Bérangère tâchaient d’affiner nos propos et le Bloody Roger visait juste. Faites super gaffe à eux : ils travaillent sur une zone précise sans que nous sachions s’ils ont raison, mais s’ils se trompent, gageons qu’ils finiront par trouver. Ils décortiquent tout (avec adresse) ! Certain(e)s ont filmé l’instant qui s’est prolongé dans la nuit, autour du feu. Libre à eux de partager leurs enregistrements… ou pas. Nous avons évoqué beaucoup de pistes, les trésors, des clefs, les indices (tous trouvés !), Nassau, l’aventure, les excursions, les livres, nos succès, nos erreurs, les coquilles, la vie, l’avenir…

Cette nuit autour des flammes avait quelque chose de féérique :

Nous étions tous Libéris !

Une bande de rêveurs réunis sous les étoiles, amoureux de la nature, de la flibuste, des escapades et de leurs péripéties, façonnés par des envies, des craintes et des espoirs communs. Gwo Twoll faisait griller des saucisses pour deux cent soixante-quatorze personnes, le feu libérait des escarbilles et chargeait l’atmosphère d’une impression magique, douce et inoubliable ; la sensation d’une grande fraternité, d’une nouvelle famille. Je vous raconterais volontiers tout ce qui s’est dit, mais je ne peux pas m’y résoudre pour deux raisons :

L’instant n’appartenait qu’à nous.

Le prochain n’appartiendra qu’à vous.

Sax et moi sommes allés nous coucher parmi les premiers et nous sommes rapidement écroulés (épuisés par la FAQ), tandis que d’autres refaisaient le monde jusqu’au petit matin autour du braséro. Nous avons dormi « à la belle » comme des bébés, mais ce ne fut pas le cas de tout le monde. Je vous avais raconté qu’il ronflait comme un gorille, camarades (moi ça va depuis le temps, j’entends la mer)… Nous vous avions aussi expliqué qu’il faut des hamacs solides, ainsi que des couvertures et des sacs de couchages de l’armée. Le sommeil, c’est sacré.

À défaut de bonnes couettes, les gabiers étaient tout de même suréquipés (au réveil, nous n’avions pas ouvert un œil qu’on nous tendait café et croissants !!!)… Vous avez assuré, jeunes gens. Le dimanche matin avait des airs de fin de vacances, avec la promesse de se retrouver vite. Au plus tard et afin d’être sûrs de notre coup, un rendez-vous a été fixé au 22/07/2022… dans le jardin de Bérangère (personne ne l’oubliera, camarade !). Nous vous donnerons l’adresse exacte ultérieurement. D’ici là, charge à nous (tous) de créer de nouveaux événements. Nous avons tardé à démonter ce bivouac éphémère, chacun son cœur un peu lourd, mais l’âme légère, incroyablement heureux devant ce constat unanime :

« Nous avons trouvé une nouvelle famille. »

Alors bonne chasse, camarades, mais surtout…

MERCI !

La Capitainerie