Crépuscule noir, que sortent les bêtes de la nuit, ombres mouvantes s’enfonçant dans les ténèbres. L’âme marquée par la pierre et la terre d’ici, fumante sous les nuages ; funestes courants d’air emportant les rêves. Après moult calculs sur une voie serpentée, le coffre de fer verrouille l’un de ces crânes dorés, lourd de tout son passé. Une tête et un symbole qui dorment à deux endroits, incarcérés, portés à nu et dans la pierre enseveli, tombeau ouvert marquant la croix dans l’entresol.

Ce soir, tu dormiras dans la montagne.

Le soleil tombe, et des silhouettes s’éclipsent du paradis. Le Dieu des morts et de la confrérie règne sur la nuit, où rampent ses fidèles. À la lueur de l’astre, insectes et araignées reprennent leurs droits. Les doigts courent et glissent sur la mousse de la rocaille et l’escalier naturel s’effrite à chaque pas, avant la grande porte d’eau menant au quatrième niveau : une cavité, cachée au fond d’une grotte et accessible d’une strate à l’autre depuis un gouffre. Les sens en éveil, roc et calcaire griffent la chair et le fer. Le cœur tambourine dans ce grand silence, trempé par les gouttes qui dégoulinent sur les parois. Je suis une insignifiante petite chose traînant son coffre dans les entrailles d’un paradis, en enfer. Un tremblement de terre et, ensevelis, le trésor sera à tout jamais gardé par un capitaine endormi. Pétrifiante quiétude.

Où l’or se mêle à la misère,
où l’ombre et la pierre recouvrent la lumière.

Le bronze dans la tombe, je ressurgis de la montagne tel un mineur désarmé, le dos courbé, vertèbres écrasées. Nous sourions aux étoiles, délivrés, mais ne célébrons pas. Nous encapons ensuite au nord, sur vos premiers pas, plus haut que ne marcha l’armée romaine. Les corps écorchés, épuisés, nous dessinons un faux, les yeux sur une carte, des chiffres et des paliers, nous marchons jusqu’aux sommets où évaporer ce qui ne pouvait être enterré.

« Le noir torrent, redoublant de vigueur,
Entrait fougueux dans la forêt obscure
De ces sapins, au port plein de langueur,
Qui, négligés comme dans la douleur,
Laissent tomber leur longue chevelure,
De branche en branche errant à l’aventure. »

Le soir, dans une vallée, Chateaubriand

Bonne chasse, camarades.