Feux de camps, aventures, déconnes et bivouacs; je ne me souviens plus de la première fois où, Sax et moi sommes partis sur les routes. Le monde n’attendait que nous mais il ne viendrait pas à nous. Pour le découvrir, nous n’avions besoin que d’un sac à dos, de 3 hamacs (en comptant le chien), d’une machette, d’une lampe, d’un gros paquet de raviolis en conserves et d’un smartphone. Le reste se ferait à pieds, en voitures, en trains, en avions et en bateaux…

Aussi simplement que cela, nous avons visité des centaines d’endroits à travers ce monde devenu village : à nous la vie ; à nous la démerde… et ses emmerdes !

A la frontière allemande, nous fûmes pris en sandwich au milieu d’une bagarre générale (des supporters de foot, apprendrons-nous plus tard), alors qu’on était peinards, prêts à bivouaquer à la belle Étoile sur une plaine que nous pensions déserte.

Peu de temps après, ce sont des bûcherons qui décidèrent de nous réveiller dès l’aube, en commençant par les 4 arbres qui, justement, maintenaient nos hamacs en l’air…

En Pologne, nous nous sommes fait courser par des miliciens avant de trinquer avec d’autres, jusqu’à ce que nous comprenions que ces derniers voulaient en fait nous enrôler pour une « mission nocturne » dont nous ne saurons jamais rien – il y avait une issue de secours en face des toilettes du restaurant !

Nous ne trouvâmes qu’une vieille bâtisse abandonnée et menaçant de s’écrouler pour nous reposer. Toute la nuit, mon sommeil fut troublé par les pleurs d’une femme que je pensais dans mes rêves. Manifestement, elle était aussi dans ceux de Sax… Si elle n’était pas le fruit d’une hallucination collective, elle ne laissa aucune trace.

En République tchèque, nous fûmes arrêtés par la « police » et entendus dans une sorte de tripot où… personne n’était flic. Sans rien comprendre (nous ne parlons pas tchèque et les 7 faux policiers ne parlaient pas anglais), nous dûmes nous acquitter d’une taxe de deux cents euros si nous voulions repartir. Heureusement, nos gueules terrorisées ont joué en notre faveur lorsque nous avons demandé à aller chercher le carnet de chèque dans nos affaires : on a démarré en trombe !

En Biélorussie, des gens (qui n’avaient rien pour vivre) nous chassèrent des coins boisés où nous bivouaquions pour nous proposer le gîte et le couvert ! Après trois jours à ramasser du bois, à cuisiner et à rire avec des inconnus dont nous ne comprenions rien ; et après trois nuits d’ivresses à danser dans une boîte de nuit faite de tôles ondulées qui semblaient léviter au rythme des cinq fois mille Watt, nous repartîmes les cœurs légers, les esprits noyés dans la vodka et avec trois demandes en mariages en poche – dont une de Goran, cinquante-trois ans, neuf dents seulement, toujours armé d’un Beretta 9mm car, baragouinait-il, « Mel Gibson has the same. »

En Ecosse, je pense qu’un randonneur ou deux nous croient toujours coupables de l’incendie de plaine qui se déclara, le jour de notre départ ; mais vous le saviez, vous, que même sous un crachin, une braise de cigarette peut enflammer une prairie ?

Dans une autre ville écossaise dont je tairai évidemment le nom, nous nous arrêtâmes dans une auberge de jeunesse. Après seulement vingt-quatre heures sur place, quinze gus armés de bâtons tentèrent de nous en déloger, assurant que nous avions couché avec leurs sœurs, la veille. Comme ils ne souhaitèrent jamais discuter, impossible de connaître le fin mot de l’histoire : à quinze contre deux, on a tendance à prendre la porte de derrière !

En Martinique, nous nous sommes fait braquer par une connaissance prénommée Michèle, à qui nous offrîmes deux bouteilles de rhum en remerciement pour son hospitalité. A elle seule, Michèle siffla presque l’intégralité du rhum en moins d’une heure et sortit son fusil, scandant qu’on avait « chié partout dans son jardin » (où se baladaient 4 vaches).

Si vous cherchez les sept crânes de Levasseur
vous voudrez peut-être savoir comment ils ont été cachés…

Bonne chasse, camarades.