Cet article de chasseur relate la rapine de première classe
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Rapine de première classe


#R1C VIGNETTES

Une nuit, un membre d’équipage demanda à Barbe-Noire :

« Capitaine, si vous mourrez demain,
comment votre femme retrouvera-t-elle vos trésors ? »

 

Ce à quoi l’intéressé répondit dans un tonitruant éclat de rire :

« Seuls le Diable et moi savons où ils sont.
Et celui qui aura la vie la plus longue aura le tout. »

 

Pied à terre, après une éternité abandonnée au troisième œil, manquant de nous perdre dans les volutes d’une quête acharnée. Si, comme nous aimons à le penser, le site est un vaisseau, alors l’équipage n’était pas encore à bord. La capitainerie s’éloigna, seule dans la pénombre, chargée d’un nouveau trésor.

« J’irai par la forêt, j’irai par la montagne », et bien ailleurs encore.

 

La chienne ouvrait la marche : seuls les morts – et les bêtes – ne parlent pas… Une horde furieuse tambourinait dans nos esprits, chantant en criant une danse guerrière. Un rythme lent et répétitif, cadençant une démarche assurée, pliés par le poids d’un crâne doré, du matériel entassé, des rations d’eau, d’une pelle… La machette ne trancha plus aucun passage ; c’était notre dixième voyage ; le dernier ici. Nous avions disparu ; nous nous étions évaporés, emportant avec nous les secrets de ces trésors cachés. Sur le sentier, les chants s’estompèrent, la vie s’essouffla. Les âmes pressées sont si éloignées du lieu que tout y semble irréel. De part et d’autre, la mort nous défiait du regard. Un enchevêtrement de vies, avalées par le temps. Au centre de ce grand nulle part, les capitaines rugissants encapèrent face au phare. Le rythme lent et d’un pas sûr, approchant l’arbre près d’un mur.

Silence. Ecrasante immensité. Le matériel échoué sur la croix d’une carte, nous allâmes nous rafraichir au près d’une rivière, avant d’entamer la guerre. Et la chienne vit les deux drôles opérer un rite sacré, passant les chemises et s’harnachant d’une caméra, pour une mise en bière. Retour à la marque. Dernières vérifications, notes en main. A l’abri des sillons du ciel, l’un donna le premier coup de pelle.

Ne plus penser, ne plus chercher, ne plus s’inquiéter. Bientôt, tout sera prêt. Le bord tranchera les bouts et gonflera les voiles, menant l’équipage au long voyage. Ne plus penser : creuser ! Enfouir, immerger, dissimuler, encore et encore, comme des acharnés.

Ne rien abandonner, jusqu’à ce que le trou soit intégralement recouvert et notre passage, effacé.

Deux flibustiers s’en vont, énigme en main, sur un air digne des enfers. Ils ne cesseront de la griffonner, de l’annoter et de l’ajuster jusqu’à être sûrs de pouvoir la délivrer. Deux flibustiers s’en vont, énigme en main, sur un air enragé, quittant définitivement un théâtre qui, un jour, ne sera connu que du Diable, de nous, et de l’un d’entre vous.

 

« Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées. »

Demain, dès l’aube, Victor Hugo

 

Bonne chasse, camarades.

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