Parcourir la France, c’est obligatoirement croiser des dizaines, des centaines de menhirs et de dolmen. Si c’est en France et au Royaume-Uni qu’on en trouve le plus, ces pierres sont présentes partout dans le monde. Les tribus malgaches qui accueillirent les premiers pirates de Libertalia en érigeaient eux-mêmes, dans leurs forêts et le long des côtes. Quels que soient leurs formes, ils sont liés à l’Histoire et aux mythes d’une terre.

L’allée couverte est l’une des formes les plus particulières du mégalithisme. On en trouve plusieurs dans le nord de la France. Nous empruntons un large sentier derrière un cabanon. En rentrant dans la forêt, la montée devient plus dure et le sentier, plus étroit. Très vite, nous devinons un autre chemin sur notre gauche. Et pénétrant le sous-bois, nos chaussures s’enfoncent légèrement dans une terre humide. Il n’y a plus qu’à continuer tranquillement tout droit…

C’est ce qu’on a fait : la chienne en tête ! Le sentier a bien été marqué à une époque mais bien peu de promeneurs doivent passer là. Feuilles et branchages recouvrent une terre meuble, en dénivelé, où il est facile de trébucher.

Le sol semble bouger. Bonny, le clebs, sautille. En fait…
On marche sur des fourmis.

Une immense, une gigantesque colonie de fourmis.

Il y en a partout. Sur nous. Faut courir : vite !

Au bout de ce foutu sentier, nous continuons d’un pas vif sur la droite. Le chemin remonte vers des champs, mais peu avant se trouve une clairière. Sur son côté, l’allée couverte attend, impassible depuis plusieurs milliers d’années. La nature s’est implantée sur le toit du dolmen, créant un camouflage vert. L’allée se trouve un mètre plus bas. Il faut sauter à pieds joints dans les toiles d’araignées et se mettre à genoux, pour s’y engouffrer : tout un symbole.

Il y a une chambre et une antichambre, séparées par une dalle de quelques tonnes. Au milieu de la dalle, un trou. C’est par là que l’on déposait les défunts dans la chambre, avant de reboucher avec une autre pierre, aujourd’hui disparue. Sur la dizaine de mètres de la chambre, on ne passe qu’à quatre pattes. En levant la tête, on s’aperçoit que la surface de la dalle servant de plafond a été polie. Dessus, le niveau du smartphone indique qu’elle est plate et parfaitement parallèle au sol.

Avant de venir, nous savions que nous nous trouvons au centre d’un grand tumulus, devenu invisible dans ce paysage. Nous sommes sur une tombe. Et pas n’importe laquelle ! Nous nous asseyons devant, pour la contempler. Bonny gambade, joue et se retourne dans tous les sens. On s’approche ; une, deux, quatre, dix fourmis sur elle. Et sur nous ? On s’époussette dans tous les sens avant de se dire :

– Tu t’ vois creuser là-dessous, toi ? Dans un espace d’un mètre de haut avec des fourmis partout ?
– Doit y avoir un pirate ou deux qu’ont dû s’poser exactement la même question : pour trouver le bon emplacement !

Bonne chasse, camarades.