Désolé, on ne s’est pas arrêté dans un peep-show mais dans des gorges naturelles dans le sud du pays. D’immenses cavités plongent dans une forêt aux allures impénétrables. Autrefois, le plateau était dominé par un château dont il ne reste rien d’autres que quelques pierres, effondrées ici et là. Nous descendons dans une sorte de canyon. La terre rouge a recouvert les murs des falaises. Bientôt, nous plongeons dans l’obscurité pour nous engouffrer dans un dédale de souterrains : ceux du château.

Abandonné mais pas oublié, le site n’est même pas classé. Non pas que cela nous arrête toujours, mais dans ces lieux, logique et prudence sont de rigueurs. Sax a pu dégoter des plans supposés des fameux souterrains, explorés par d’autres avant nous. Au fond, la citerne asséchée est toujours là. A l’intérieur, les trous des déversoirs sont obstrués par des branches et des cailloux. Nous prenons à gauche, en direction des cellules.

Il ne reste plus que l’encadrement des portes. Grilles, chaînes et barreaux ont disparu depuis longtemps. Chaque clapier fait la taille d’une chambre de bonne. Et dire que de nos jours, on paye pour si peu d’espace. Nous pénétrons dans l’une, puis une autre. L’idée originale de l’objectif était d’étudier ces cellules et l’entrée du souterrain. Au passage de nos lampes sur les parois, la lecture de quelques derniers messages, laissés à la postérité, fait s’envoler l’envie :

« Je seroi pendu demain »                      « XIIIe année de silence »

« Pierre Dallié, pendu le 12 janvier 1301 »

« A mort le Bel »                   « Dites à Gorge Profonde que je l’aime »

Autant de condamnés à morts au même endroit sous-entend une salle d’exécution toute proche, donc un cimetière tout aussi près. Nous ressortons du souterrain des morts-vivants, pris par l’émotion. On dédramatise, en pensant à la source du Watergate, dont le pseudonyme était « Gorge profonde ».

Puis nous retournons lentement vers le véhicule, le prochain objectif déjà en tête. Enfouisseurs de trésors, d’accord, mais nous ne sommes pas fossoyeurs. Encore moins des fossoyeurs d’âmes.

Ne troublez pas les âmes ; c’est inutile, camarades.

Bonne chasse, camarades.