De nuit et en forêt, on a croisé une femme… en robe de mariée.

C’est toujours quand on n’a pas les GoPro allumées qu’arrive un truc de fou. Nous nous étions rapprochés des ruines d’un château dans le Sud-Est de la France. Tous les châteaux ont des histoires de fantômes. Pour indice, le spectre de celui-ci se serait appelé Antoine. Nous n’en avions rien à faire. Ce qui nous intéressait, c’était la partie publique du grand parc attenante aux jardins du château ; là où le parc devient forêt. Et si nous nous y rendions de nuit c’était, comme toujours, dans le but de ne pas attirer l’attention. Deux types qui se baladent avec des crânes, une pelle et un chien, ça attire vite l’attention.

Nous avons dû garer le véhicule bien plus tôt que prévu – les cartes du « Dieu Google » n’étant pas toujours à jour. On a continué à pied. Deux kilomètres vers l’Ouest, nous sommes arrivés à l’orée de la forêt et à la lisière du grand parc. A notre grand étonnement, aucune clôture, aucune frontière ne séparait les deux mondes. Au sol, les restes de quelques pierres prouvaient qu’un mur d’enceinte avait bien abrité les châtelains de leurs sujets. De nos jours, la chapelle (attenante) et le château d’Antoine paraissent presque abandonnés. La porte de la petite église est fracturée. A l’intérieur, un autel en pierre et trois prie-Dieu cassés. Du sol au plafond, les dalles sont fendues. Rien à cacher dans pareil endroit.

Nous n’avons pu nous empêcher de marcher dans les hautes herbes du jardin, dans le potager en friche. Si la propriété délabrée n’avait pas été privée, nous nous y serions attardés encore plus longuement. Le fait est que nous n’avions plus rien à y faire… mais que nous étions toujours là. Etait-ce à cause de cette lumière dorée, passant d’une fenêtre à l’autre du deuxième étage donnant sur les jardins, telle la lueur d’une bougie ?

– Il y a quelqu’un qui vit dans ce château.
– C’est peut-être lui, « Antoine » ?
– Ouais bah « Antoine » nous regarde.
– « Antoine » va appeler la police.

Nous avons déguerpis. Sur le retour pas plus qu’à l’aller, nous n’avons trouvé d’objets singuliers perdus dans la nature, de ruines oubliées dans l’« espace public » ou de formes naturelles et singulières, pouvant enflammer l’imagination et placer des repères dans votre chasse aux trésors. Nous avons repris la route forestière, de nuit.

Quand soudain, nous avons croisé une femme vêtue de BLANC,
pouce levé, sur le bas-côté.

Dans le clair-obscur d’une forêt des Cévennes, ça fait drôle. On a bien mis cent mètres à s’arrêter.

– Tu l’as vue ?
– Ah oui mais non. Non : là je dis « non ».
– Arrête des déconner ; t’y crois, toi ?
– Non mais quand même. Là, je dis « non ».

Coup d’œil dans le rétro : à la lumière des feux stops, nous avons vu l’auto-stoppeuse courir vers nous, tenant sa robe à bout de bras. Une robe de mariée ! Elle a juré ne pas être la Dame Blanche et s’être « échappée de son propre mariage ». On l’a emmenée. Elle puait des pieds. Et on l’a déposée, en ville ! On n’est pas des rustres. Puis on est entrés dans un bar pour nous remonter. 10 minutes plus tard, nous n’étions toujours pas plus clairs, la gendarmerie est passée juste devant, à fond les ballons, au rythme du pin-pon. Et là, le barman a dit :

– Tiù putaing, y vont vers l’ château de m’sieur Antoine.

On a repris un verre.

NE FAITES JAMAIS TOTALEMENT CONFIANCE A INTERNET !

Bonne chasse, camarades