L’endroit n’est pas très loin de Paris, à 2 ou 3 heures de route, tout au plus. Par un sentier un peu cabossé, nous pouvons avancer la voiture jusqu’à la place repérée lors de nos recherches. Une vaste étendue d’herbes, cernée par quelques arbres, dominant un vallon forestier. Juste à côté, une falaise abrupte faite de pierres plates, qui permettent de crapahuter jusqu’au sol, cinquante mètres plus bas. Les pierres retiennent la chaleur de la journée. Nous nous y allongeons, le temps d’un godet. Devant nous, le spectacle radieux du soleil couchant, rasant la vallée.

Nous décidons de bivouaquer sur cet objectif, que nous avons baptisé « pierres aux lions ». Nous ne connaissons pas bien la zone, alors nous camouflons le véhicule sous une bâche militaire, avant de partir en quête de bois. Nous n’avons pas fait cent mètres dans la pampa que nous tombons sur une bicoque. La cabane semble abandonnée, prête à s’écrouler sur elle même. Mais elle est aussi bien équipée – arrivée d’eau, panneaux solaires, petit potager… La porte est fracturée. On entre. Personne et les traces de mille passages à la fois. On laisse la maison abandonnée pour retourner au bivouac. Le feu est cerné par de gros cailloux. Les hamacs accrochés, la barbaque consommée et les chansons braillées, nous repartons en chasse !

Escalader des rochers la nuit : fausse bonne idée !

On manque de se casser la gueule cinq fois. On se relève six. On s’époussette. Bonny, la chienne, est plus agile que nous. Entre le sommet et le pied de la falaise se trouve une grotte. La succession de pierres plates masque parfaitement son entrée. De jour, on ne pourrait la deviner que depuis la forêt en contre-bas, s’il n’y avait pas tous ces arbres. De nuit, il faut savoir où elle est.

Pénétrant la caverne, mag-lights aux poings, nous frôlons une volée de chauves-souris. On s’y attendait – la chienne un peu moins. Avançant, nous repérons les peintures rupestres laissées sur les murs par d’anciennes civilisations. Les mêmes que sur nos feuillets, imprimés la veille. La grotte est en fait un long tunnel menant vers une vaste caverne, sous laquelle il y aurait une citerne d’eau de pluies. Nous nous enfonçons jusqu’à trouver la réserve d’eau. Au dessus de nos têtes, nous repérons une multitude de trous, par lesquels percent des jets de lune. C’est ainsi qu’y ruissèle la pluie …

Faut plonger : on tire à pile ou face.

C’est moi qui m’y colle. La flotte est gelée et la cuve, profonde. Lampe étanche en main, je sonde les parois, à la recherche d’une petite cavité. Dans les 12, par 15, par 19 centimètres (environs)… Rien à première vue. En apnée, j’en repère une à environs 2 mètres du niveau de l’eau. Un bon point si la zone n’est pas envahie de randonneurs à l’aube. Nous retournons au bivouac. Je suis trempé, les os glacés. On rallume le feu pour me réchauffer et réétudions nos cartes avant d’aller nous coucher.

Jour suivant – 06H12 :
« Maîtresse, maîtresse, ‘y a des clochards dans des hamacs ».

On surgit de nos toiles, les gueules en vrac. La bande de gosses se tire en hurlant. Au loin, la maîtresse nous dévisage, ahurie. Droit devant nous, un piquet de randonneurs caché par les herbes, que nous n’avions pas vu en arrivant. On s’arrache, maussades. Il faudra tout recommencer… ailleurs.


Faites vos repérages de jour !

Bonne chasse, camarades.